NOTE D'INTENTION

Pierre Tual
Janvier 2009

Naufrages sera un diptyque réunissant deux formes courtes dans une même soirée. Poch de Sébastien Joanniez qui durera 35 minutes et Juliette (suite et fin trop précoce) sur un texte de Sylvain Levey qui durera environ 20 minutes. Ces deux formes pourront également être jouées indépendamment l’une de l’autre.

Parler des Naufragés…

Un homme à la rue qui meurt sur un coin de trottoir. Une adolescente paumée qui se jette du haut d’une grande roue de fête foraine. D’accord, ça n‘est pas rose. Mais ça existe les gens comme ça. Je veux dire, les gens qui ne marchent pas tout à fait droit, voire carrément en dehors de la route. Ceux qu’on dit marginaux, perdus, et qui à force qu’on les ignore finissent par se prendre un mur ou par tomber dans le fossé...
D’accord ça n’est pas rose, mais ça existe, et quand j’ai découvert ces deux textes, Poch et Juliette (suite et fin trop précoce), j’ai été profondément ébranlé par les histoires de ces deux personnages. Du temps s’est écoulé… Et je me suis rendu compte que ces histoires me touchaient toujours autant et que j’avais besoin de les mettre en scène parce qu’elles parlaient poétiquement mais terriblement sincèrement d’une réalité intolérable face à laquelle comme beaucoup je me sens le plus souvent impuissant. Et puis comme par les temps qui courent cette réalité ne semble pas s’améliorer…

Poursuivre une collaboration étroite entre des auteurs et un marionnettiste et faire dialoguer nos langages respectifs.

L’amitié de longue date qui me lie à Sylvain Levey m’a permis très tôt de découvrir le plaisir de travailler en étroite collaboration avec un auteur dramatique. Les thèmes qui traversent son écriture me touchent et m’accompagnent dans ma recherche artistique : la famille, le quotidien, le presque rien, le banal, et au cœur de tout ça, le drame. Ma formation à l’ESNAM m’a permis de rencontrer Sébastien Joanniez et de découvrir avec beaucoup d’émotion son écriture.
Aujourd’hui, je peux affirmer que la collaboration avec des auteurs qui ont des choses à dire voire à gueuler au monde est fondamentale dans ma démarche de création. Mettre en scène ces textes s’inscrit donc pour moi dans la continuité d’une connivence artistique entre des auteurs et un marionnettiste, avec l’envie de confronter nos univers et de tenter de faire dialoguer nos langages respectifs.

Développer une écriture scénique personnelle en mêlant jeu d’acteur, marionnettes, ombres, images, objets…

Poch et Juliette (suite et fin trop précoce) seront mes deux premières mises en scène "pour de vrai". Ça sera pour moi l’occasion de mettre en application les nombreux apprentissages que j’ai reçus à l’ESNAM bien sûr, mais ça sera surtout l’occasion d’essayer d’écrire des spectacles à ma manière… Il y aura sans doute des figurines, des images, des objets, mais au fond pour moi peu importe. Ce qui compte c’est les histoires, et le fait qu’elles soient mises en scène et interprétées par un marionnettiste. C'est-à-dire avec le regard du marionnettiste. Donc je pense, pas tout à fait droit, voire peut-être carrément en dehors de la route.